top of page

UN MOT DE PHILOSOPHIE SOPORIFIQUE

Pourquoi créer un site dédié à l'audio quand il en existe déjà des milliers ?

 

Cela fait maintenant assez longtemps que je pratique la discipline et comme on dit fort humblement chez Klipsch, "je ne suis pas peu fier d'avoir fait quelques progrès".

​

​

Mais la chose la plus importante, que j'ai apprise après un temps bien trop long et malgré moult évidences que j'ai croisées sans les voir, c'est que par essence, l'expérience de la reproduction sonore ne peut s'approcher aussi près de l'expérience réelle, qu'on le peut par la simple mise en oeuvre des moyens techniques adéquats. Tomber dans le piège des profiteurs qui vous serinent qu'il suffit de mettre le paquet (de billets de banque notamment) conduit à une quête frustrante et à une écoute tendue, tant on cherche dans la musique reproduite ce qui ne peut pas s'y trouver. Bref, on tue soi-même son plaisir, on tricote une écoute intellectuelle, on finit avec une aspirine. En plus (ou en moins), on passe à côté de ce qui donne tout son sens hédoniste à l'écoute de la musique enregistrée.

​

Prenons l'exemple simple de la localisation des sources sonores diffusant dans un espace clos, expérience quotidienne que tout individu doté d'une ouïe normale vit sans s'en rendre compte : en simplifiant (déjà !), disons qu'elle est commandée essentiellement par le dosage des grandeurs vectorielles que sont le champ direct, celui des premières réflexions, celui des réflexions tardives.

A présent, imaginons son enregistrement à fin de reproduction sur un système stéréophonique.

Prise de son plus ou moins sophistiquée à l'aide de micros plus ou moins directifs et micros d'ambiance, couples, triplets ..., qui captent les trois types de champs. prises directes sur instruments électroniques, etc.

Ici, les distances des micros aux sources marquent définitivement la prise de son et la dimension vectorielle disparaît, remplacée par des grandeurs scalaires fonction du diagramme de sensibilité des micros.

L'ingénieur du son va maintenant travailler les prises et les mixer dans un studio en général peu réverbérant et pourvu de moniteurs diffusant en champ proche. Il ajoute des réverbérations, des déphasages, des retards, crée des équilibres, invente finalement la stéréophonie de la future restitution, signe le son.

Production, pressage, distribution, achat, lecture et ...

Enfin, reproduction stéréophonique sur deux enceintes acoustiques que vous avez placées où vous avez pu, à une distance arbitraire, dans un local plus ou moins réverbérant, aux caractéristiques sans rapport avec ni le local d'enregistrement, ni avec celui de l'ingénieur du son. De ces diffuseurs, vous allez d'abord percevoir le son direct qui porte les champs direct, réflexions premières et tardives de la source d'origine modifiée, puis les réverbérations premières suivies des tardives produites par votre local, qui portent elles aussi les mêmes champs d'origine mais marqués d'atténuations et de temps de retard inédits.

Bref, in fine une soupe sonore de laquelle il est remarquable qu'une certaine forme de spatialisation demeure, signe qu'un intense travail cérébral vous anime, car n'oublions pas que l'audition est un phénomène essentiellement lié au cerveau. et nourri par l'expérience, la mémoire. Quand celui-ci reconnait le son d'une guitare, il sait qu'elle doit être quelque part et par indices même relativement vagues, il finit par la localiser ou en inventer la localisation car il ne faut pas le prendre pour un imbécile. Mais comme on est loin de l'exécutant d'origine !

​

La conclusion de tout cela est que oui, la spatialisation des sources sonores reproduites est un fait et elle doit être l'objet d'une attention particulière par les concepteurs de matériels mais non, la spatialisation d'origine ne peut être approchée à coups de moyens techniques et financiers, car elle est perdue, distordue, recréée arbitrairement à plusieurs étapes du processus qui la mène de l'exécutant dans la salle de concert à vos oreilles dans votre salon.

​

... en revanche, il est toujours possible de tuer le peu de spatialisation qu'un système bien conçu est capable de fournir ...

​

En quoi cet exemple pris parmi de nombreux autres aide-t-il à forger une règle de conception ?

Eh bien précisément, en prenant conscience du fait que la reproduction sonore ne peut qu'approcher grossièrement la performance directe et que l'expérience d'écoute de musique enregistrée a ses exigences, ses qualités et ses caractéristiques propres.

A partir de là, que cherche-t-on quand on conçoit un système? Au premier chef évidemment une reproduction réaliste ; mais réaliste seulement car conscients des limites de l'exercice, nos efforts doivent s'orienter vers l'écoute la plus décontractée et la plus naturelle, ce qui ne se signifie pas une écoute conforme à l'original. La bonne reproduction sonore est à mon sens celle qui ne nous oblige pas à penser pendant qu'on écoute.

C'est pour moi quand on réussit ce challenge, qui contient une une forme de renoncement, qu'on éprouve le plaisir que procure l'écoute d'une reproduction musicale ; quand on a compris qu'il faut l'aborder sous l'angle d'une expérience en soi, alors quel plaisir !

​

Veuillez répondre à la question !

Hein, quoi? Ah oui, la réponse à la question posée en titre ... Eh bien dans la multitude des sites consacrés à l'audio et à l'audiophilie, je n'en ai pas trouvé qui pose ce postulat comme règle de conception et de mise en oeuvre des moyens de reproduction sonore, voilà ...

bottom of page