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Mauvaise idée 1 : l'empilement des DACs

Il est d'usage assez répandu d'empiler les DACs comme ici et de rapporter une "nette amélioration du rendu sonore".

Ayant connu l'avènement de ces circuits et les nombreux problèmes (imaginaires ou avérés en fonction de l'objectif marketing visé) qu'ils ont manifestés une fois passée la période où ils ont été, comme il est d'usage, présentés comme l'ultime perfection (oxymore) de l'électronique audio, j'ai toujours trouvé étonnants cette pratique comme ses résultats.

Si on laisse la magie et l'autosuggestion de côté, la seule augmentation de la capacité en courant de l'assemblage, qui pourrait être obtenue beaucoup plus simplement, ne permet pas d'expliquer une amélioration clamée comme "nette" sinon "spectaculaire". Il faut donc bien que l'assemblage se comporte d'une manière inédite par rapport à un seul DAC ... mystère et boule de gomme !

Or, on sait (mais on oublie, obnubilé par l'imperfection originelle de l'analogique et mystifié par la perfection du numérique) que l'une des difficultés les plus délicates à solutionner dans les circuits audio numériques (et sur laquelle on a assez peu de prise) est la précision d(es)'horloge(s) et plus particulièrement la synchronisation des basculements des circuits, au premier rang desquels les DACs. C'est ici que je vois l'origine des résultats "brillants" de cette sexologie de groupe. Mais c'est le symptôme d'une dégradation, pas d'une amélioration.

En effet, ce qui se passe très vraisemblablement est que les DACs de l'empilement ne basculent pas d'un mot au suivant au même instant (problématique identifiée sous le terme général de "glitch" quand on veut que ce soit une problématique). Les micro-retards induits par le désordre de l'assemblage arrondissent les basculements sur charge ... et c'est tout !. Bref, par la mise en jeu successive des DACs du premier au dernier, on se paye un -gros- filtre d'échelon.

Si le résultat sonore s'en trouve amélioré, il faut sérieusement considérer de changer ... d'amplificateur. Plus sérieusement, une amélioration de l'écoute résulte d'un empilement de DACs est la manifestation d'une sensibilité exagérée de électronique (partie analogique du DAC, préamplificateur, filtre, amplificateur ...) aux signaux transitoires rapides. C'est un cas assez répandu.

Force est en effet de constater que les appareils qui ne présentent pas ou peu de sensibilité aux brusques transitoires (bande passante limitée, amplificateurs sans contre-réaction ou à limitation de bande-passante de l'étage d'entrée etc.) ne tirent pas bénéfice de l'empilement des DACs. Or, celui-ci constitue objectivement une mesure dégradant le signal et générant du bruit numérique.

Bref, la fin ne justifie pas les moyens et celui-ci ne me parait pas sain car il croit traiter un problème qui se situe en réalité ailleurs dans la chaîne audio. Il me semble, si on souhaite agir au niveau du DAC, qu'il est plus rationnel de filtrer énergiquement la sortie d'un unique convertisseur, non pas à base de montages à amplificateurs opérationnels qui ne feraient qu'aggraver le problème des transitoires parasites, mais plutôt autour de montages à émetteur suiveur ou cathode suiveuse.

Mauvaise idée 2 : l'amélioration de la réjection d'alimentation par soustraction

On trouve ici une disposition déjà évoquée sur ce site et dont le concepteur clame qu'elle améliorerait radicalement la réjection d'alimentation (PSRR en anglais). Il s'agit de réintroduire le bruit d'alimentation dans l'étage de sortie d'un module amplificateur, de telle sorte qu'il compense celui que lui transmet l'étage précédent. A la sortie, zéro bruit ? pas tout à fait ...

Assez curieusement, cet auteur qui habituellement est singulièrement prolixe - voire carrément bavard - donne peu d'explications sur le fonctionnement du montage mais il laisse supposer la perfection : "Since both of these signals are equal in amplitude and phase, they cancel each other out". Ben tiens !

Or, le calcul montre que le bruit d'alimentation est réduit par le montage d'un facteur proche de (µ+2), ce qui est certes remarquable mais pas infini ! La totale suppression du bruit d'alimentation transmis par l'étage d'entrée nécessiterait que soit délivrée à la grille inférieure de l'étage de sortie un fraction égale à (1+µ/2)/µ dudit bruit. Dans l'exemple d'application que donne l'auteur à base de 5687, cela équivaudrait non à 0,5 mais à 0,56. 

Mais il y a mieux (ou pire) : l'efficacité de la soustraction par l'étage final suppose que la moitié du bruit d'alimentation est transmise par l'étage qui le précède, qui au passage est une variation du montage SRPP sur lequel et laquelle l'auteur s'étend ... longuement. Or, cela n'est vrai au mieux qu'au repos puisqu'en dehors de cette situation, les caractéristiques des triodes haute et basse se mettent à diverger nettement et le ratio de division du bruit d'alimentation n'est plus -même seulement proche- de 1/2. Ce qui se passe donc en situation d'écoute réelle est une classique modulation du signal audio par l'alimentation, mais aggravée par le montage lui-même et générant quantité de produits d'intermodulation. Oui mais alors quand on n'écoute pas de musique, quel silence !

Signalons encore que l'assertion "Since both of these signals are equal in amplitude and phase, they cancel each other out" suppose qu'aucune charge n'est connectée à la sortie de l'amplificateur, oubli assez savoureux quand on sait que c'est précisément cette omission que reproche l'auteur aux fans du circuit SRPP d'origine. On appréciera dans le même ordre d'idées la balle dans le pied qu'il se tire à cet occasion : lui habituellement si prompt à fournir des graphes (SPICE ...) spectaculaires se contente de nous asséner ses dents de scie habituelles et s'abstient de donner aucune valeur du PSSR du montage AIKIDO,  en particulier sous signal audio de différentes fréquences et amplitudes ; tiens, suspect ! .. Mais surtout et c'est ce qui le ramène dans ce bas monde lui qui se prétend au-dessus à moult égards prétextes à de si nombreuses digressions assommantes, il se compromet dans ce qu'il dénonce si fréquemment : un nom très astucieusement trouvé qui cache une idée pas si bonne que ça. Du markeitng ? oh non, pas lui !

Pour revenir à moins dérisoire, autre effet indésirable du dispositif : il pourrait encourager certains à ne pas mettre en oeuvre les moyens nécessaires à l'obtention d'une tension d'alimentation aussi stable et propre que possible, puisqu'il s'en moquerait ... C'est regrettable car outre ce qui précède, une alimentation faiblarde est la source de nombreux dysfonctionnements des circuits que l'auteur n'évoque pas : diaphonie, impédance excessive, instabilité etc.

D'une manière générale, les systèmes au sens large n'étant pas linéaires, il est toujours préférable de supprimer ou atténuer un défaut que le compenser. Certes, la seconde solution parait plus astucieuse, mais elle est moins efficace. A vous de choisir : vanité ou efficacité.

Bref, une alimentation solide et bien conçue, what else ?

Mauvaise idée 3 : le montage triode des tétrodes et pentodes

On peut trouver un intérêt à câbler des tétrodes ou des pentodes de puissance en triode : la disponibilité de ces tubes modernes et leur prix. C'est à mon sens à peu près tout et si ces raisons faisaient sens il y a quelques dizaines d'années, époque où les triodes de puissance pouvaient être classées dans la catégorie des objets de luxe, ce n'est plus le cas.

Sur le plan du résultat musical, ce choix entraîne toujours une dégradation et sur le plan technique, le gaspillage de moyens et le fonctionnement étrange sur lequel on jette un voile pudique des tubes multigrilles câblés en triode sentent l'hérésie.

Laissons donc les tétrodes et les pentodes aux places pour lesquelles elles ont été imaginées : les montages pure tétrode ou pure pentode ou les circuits Ultra-Linéaires. Dans ces montages, l'écran a un rôle par lui même : dans le premier cas, il isole la grille de la plaque, dans le second, il agit comme une seconde grille de commande. Câblé en triode, l'écran est réduit à une étrange seconde plaque bizarrement insérée avant la suppresseuse ; beaucoup de filasse pour pas grand chose, sans compter les influences mutuelles de ces spirales concentriques, la microphonie et les intermodulations qu'elles prennent joie à générer. Mais le distorsiomètre harmonique ne voit rien alors tout va bien !

Un effet pervers à signaler, de l'utilisation des pentodes de puissance en triodes est la totale inadaptation de certains types, notamment les plus récents, à l'audio, par exemple les tubes développés pour la télévision ou la puissance. On les rencontre pourtant dans de nombreux montages DIY ce qui ne serait pas gênant (et même plutôt intéressant) si leur description n'était pas assortie d'un commentaire lyrique sur l'écoute. Mais il est vrai que cette perversion n'est pas circonscrite aux pentodes : on réalise bien des amplificateurs sur base de 6080, 6336, 6C33 etc.,qui sont des triode de régulation.

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Mauvaise idée 4 : le surdimensionnement des transformateurs d'alimentation

Encore un avatar de la logique primate du "qui peut le plus peut le moins", encouragée par le marketing et la vanité.

Explication : on lit sur le net et ailleurs nombre de commentaires plus ou moins argumentés sur le problème du doublement de la transconductance de l'étage de sortie des amplificateurs en classe A-B au point de basculement, preuve que ce phénomène de saut préoccupe les audiophiles. Parallèlement (en fait non, précisément), rien sur le fait que 100 fois par seconde sous nos latitudes, le transformateur d'alimentation est mis en parallèle avec ou déconnecté de l'alimentation de l'amplificateur, avec comme conséquence parmi d'autres, le fait de modifier concomitamment l'impédance de l'alimentation. Plus le transformateur est surdimensionné, plus le phénomène et ses conséquences sont importants, notables, audibles. Différence d'intérêt étonnante !

Le silence assourdissant sur l'alimentation confronté au bavardage sur la transconductance, deux domaines dans lesquels pourtant se produisent de similaires de sauts de caractéristiques,  est un symptôme de plus de l'incompréhension manifeste et générale du fonctionnement des montages électroniques, même chez ceux qui, en bon stratèges, rappellent à intervalles régulierds pour bien assurer leur réputation de gourou  : l'(les) alimentation(s) est(sont) partie intégrante d'un montage, est (sont) dimensionnante(s) de leurs performances globales, et ce à divers degrés suivant les topologies retenues. Le courant ne vient pas de nulle part, il ne repart pas dans les limbes ! L'alimentation n'est pas une boîte noire passive d'impédance nulle dont on peut négliger le fonctionnement ni statique, ni dynamique.

Donc, inutile de nous abreuver de spectres de DHT avec des barres à -80dB issus de modèles SPICE réduits au seul montage amplificateur, on s'en tape, si je puis me permettre. Car ils disent peu sur le résultat musical. Mieux vaut en revanche prendre soin de dimensionner le transformateur d'alimentation pour qu'il soit évidemment en mesure de fournir le courant maximal nécessaire, plus une garde raisonnable de 20%, point ! Vos circuits ne s'en comporteront que mieux, et votre écoute gagnera en détente, même si votre "pauvre "ampli sort à 5% de DHT !

Mauvaise idée 5 : la -mauvaise- foi aveugle dans les chiffres

Récemment, je tombe en me faisant mal sur une publicité pour un radiateur, vantant les vertus de son thermostat, électronique high tech cela va de soi, précis au demi-degré près, la vache ! Je ne perds pas mon temps sur la coûteuse inutilité du dispositif, qui mesure la température (qui n'est d'ailleurs qu'une des composantes du confort thermique) sur le radiateur lui-même, quand je demande un confort moyen dans tous les points d'une pièce pour le moins. Non. je le perds à  me dire que en audio, c'est kif kif : filtrage, bruit, dynamique, réjection, distorsions, etc. évaluées au demi décibel près ; mesures et corrections effectuées en régime permanent, sinusoïdal, bruit rose etc.

Le moindre morceau de vraie musique, le moindre câble, la moindre potiche située dans la pièce d'écoute, la moindre variation de la tension secteur fout tout ça en l'air ! Vous vous déplacez, tournez la tête, vous fourrez vos doigts dans votre nez et hop, toutes les caractéristiques sonores changent !

Alors bon, les chiffres, c'est utile évidemment, mais juste pour dégrossir. Au-delà, c'est de la bêtise, de l'arnaque ou du commerce.

Facteur aggravant : une des leçons qu'on tire de l'expérience concrète de l'électronique est que les composants vivent essentiellement leur vie comme ils l'entendent et leur comportement, même triés ou appairés (ce qui au fond n'a pas réellement de sens d'ailleurs) est des plus divers et variable. Il y a donc fort à craindre, et il est avéré quand on a accès aux schémas, que la garantie de caractéristiques à la précision moléculaire de leurs appareils ou modules par les constructeurs passe par des moyens radicaux de contrôle, dont la distance à l'objectif d'une restitution sonore de qualité devient dans le même temps astronomique. Mais sur un banc, ils sont imbattables !

Mauvaise idée 6 : le redressement des tensions filament

A la recherche du bruit minimal dans les amplificateurs équipés de triodes à chauffage direct ou dans les préamplificateurs ou encore dans les amplificateurs pour casque, il est devenu courant de trouver des alimentations à courant continu donc redressées à partir de l'alternatif pour le chauffage des tubes.. Il semblerait même que la mesure soit obligatoire pour qu'un montage à tubes ait l'air un tant soit peu sérieux. Je passe sur les méfaits particuliers de cette fausse bonne idée sur les triodes à chauffage direct, ils sont largement commentés ailleurs sur le NET. 

Non, mon propos ici est de rappeler que les transformateurs d'alimentation sont aussi des transformateurs audio qui amplifient les pics de commutation du redressement de l'alimentation des tubes (pics violents car on est ici dans la gamme des ampères commutés) par le rapport entre les tensions délivrées soit par exemple 400/6 soit 67 pour un amplificateur. Ces pics amplifiés se retrouvent donc sur les lignes haute tension qu'ils polluent allègrement. Dans ce cas, inutile de perdre de l'argent et de l'énergie avec un redressement HT à tubes ; une bonne paire de diodes au silicium fera parfaitementr l'affaire !

Un conseil donc, le redressement des tensions de chauffage des tubes est à bannir, ce qui est parfaitement indolore pour les montages équipés de tubes à chauffage indirect. Bien conçus, ceux-ci sont  absolument exempts de ronflement.

Le cas des triodes à chauffage direct est plus ardu, et si l'on arrive assez facilement à supprimer le ronflement à 50Hz, il est vrai qu'à part pour la 2A3 grâce à son chauffage à 2,5V, le ronflement à 100 Hz dû aux variations d'émission du filament alimenté en alternatif, assez marqué sur les 300B et plus encore sur les 6B4G par exemple, est difficile à atténuer.

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